Archives de la catégorie « ARSENIC #3 »

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Vortex circa 2006

Pour notre cinquième entrevue sur ce blogue, on revisite celle réalisée avec Dany Lévesque de Vortex pour ARSENIC #3, paru à l’hiver 2006. Ce choix n’est pas innocent. Il coïncide avec le passage en fin de semaine du groupe à Val-d’Or [avec Anonymus et D.O.H.] et à Amos [avec The Alienation]. Jaser avec Dany est toujours intéressant. J’en ai aussi profiter pour parler de vive voix avec leur nouveau chanteur, Jean-François Côté [qui est aussi bassiste dans Spirit of Rebellion], avec qui je jase à l’occasion via Facebook, ainsi qu’avec le légendaire Félix Théberge [Solaris Booking]. Il y a eu une autre entrevue quelques années plus tard avec Vortex, on la fera revivre un jour sur ce blogue. Bonne lecture!

Par Martin Guindon

Vortex nous vient directement de Rimouski, longtemps considérée comme la capitale du métal, titre que Rouyn-Noranda tente de lui voler depuis quelques années! Mais bon, laissons les guerres de clochers aux fonctionnaires et politiciens de ce monde. Vortex a immédiatement séduit l’auditoire abitibien lors de son spectacle avec Neuraxis, en avril, par son métalcore mélodique efficace. En fait, ce que les Abitibiens ont aimé, j’en suis sûr, c’est le côté simple et sans prétention du groupe, venu tout simplement donner une performance honnête. On est de même par chez nous, que voulez-vous! Sérieusement, une entrevue avec Vortex s’imposait à la suite de ce show et de leur premier album paru sur Galy Records. Entrevue donc avec le guitariste Dany Lévesque.

Tu es le seul membre fondateur toujours présent, alors tu peux certes nous parler des origines du groupe.

Oui, en effet. Après avoir décidé de quitter le circuit régional des « bars à covers », j’ai pris la décision de reformer un nouveau Vortex avec des membres qui allaient désirer foncer avec leur propre musique. Le premier à s’être joint à moi fut Nicolas Tremblay au vocal, qui avait déjà pris beaucoup d’expérience avec son groupe vétéran rimouskois Mental Disorder. Il connaissait bien la scène métal québécoise à cause de son implication locale et ses nombreux contacts à l’extérieur de notre région. Ensuite, se sont joints les autres membres, à savoir David Canuel au drum [ex-Jerks], Simon Dubé à la basse et tout dernièrement, juste avant notre entrée en studio, le guitariste Pierre-Luc Demers, membre fondateur et leader de Astral Gates. C’est un des gros bands de notre région. On n’a pas du tout planifié le genre de métal qu’on voulait faire. C’est le mélange de nos goûts et influences qui a donné le Vortex actuel.

D’où vient le nom, Vortex. Je sais que ça signifie tourbillon violent, mais encore?

On n’est pas des gros durs pleins de tatouages, alors quelque chose du genre « We’ll kill you » ou « Destroy Vomit », ça n’aurait pas fait [rires]. Aussi, mes textes ont souvent rapport avec mes lectures en physique et en psychologie/comportement de l’être humain. Je voulais donc quelque chose de bilingue, de représentatif pour l’image du band, mais qui ferait quand même métal. Vortex, en plus, ça peut être le tourbillon qui se produit pour avaler ce qu’il y a dans le bol de la toilette quand tu flushes [rires]! Donc, Vortex est le nom parfait pour nous, je crois.

Votre musique s’inspire beaucoup du métalcore européen, à la Heaven Shall Burn, mais aussi du death mélodique comme Arch Enemy. On entend des riffs inspirés du thrash old school aussi…

Je suis très inspiré par la musique actuelle. J’adore un paquet de bands dans presque tous les genres de métal. Neuraxis, Kataklysm, Heaven Shall Burn, Arch Enemy, Behemoth, As I Lay Dying, Nevermore, SYL, etc. Par contre, je suis pas mal old school dans mon approche de la guitare. La plupart de mes riffs ressortent d’un subconscient rempli de vieilles influences telles que Slayer, Death, Metallica, Suffocation, etc. Mais même si je suis le principal compositeur, ce qui donne le résultat final dépend beaucoup plus des arrangements et de l’apport de chacun des autres musiciens. Par exemple, un riff à la Slayer peut ne plus se ressembler une fois qu’on y ajoute les parties de drum et de basse. Simon à la basse compose souvent des parties qui donnent une tout autre dimension à mes riffs. Souvent, les guitares sont plus évidentes dans le mix de l’album, mais ça vaut la peine de porter attention à son travail à la basse. Il a un sens de la musique hors du commun. Il ajoute des éléments intéressants aux mélodies quand ça s’y prête bien, mais il sait aussi cogner avec la guitare pour ajouter de la puissance quand c’est ce dont on a besoin. Je crois que notre musique est beaucoup plus métal que core. Par contre, il est vrai que certains éléments nous rapprochent de groupes tels que Heaven Shall Burn. David au drum et Nick au vocal sont peut-être ceux qui apportent davantage ces aspects à notre musique. En conclusion, je peux dire que notre objectif n’est pas de « fitter dans un genre particulier », mais plutôt de composer de la musique à la fois agressive et mélodique qui sera intéressante à jouer et écouter en show.

Oui, Simon a un sens évident de la mélodie. Ses parties de piano sont superbes. L’intro et l’outro… ouf!

À la base, Simon est pianiste. Il ne joue de la basse que comme deuxième instrument. Parfois, on est au local à prendre un break ou à jaser et on l’entend dans son coin en train de jouer une superbe mélodie à la basse. Un jour, je lui ai demandé s’il aimerait en mettre quelques-unes sur le CD et il nous a fait la surprise de les adapter au piano. On devait les enregistrer avec JF Dagenais, mais on a manqué de temps, alors Simon les a enregistrées chez lui avec un petit clavier dans son studio maison. Il y produit des maquettes pour des bands locaux. Il y a tellement de groupes à Rimouski, je crois qu’il en a enregistré cinq ou six dans la dernière année.

Votre album Imminence of Death est paru l’automne dernier sur Galy Records. Parle-moi un peu de l’album et comment vous avez décroché ce deal.

Depuis le début, on savait ce qu’on voulait accomplir et on avait une bonne idée des moyens à prendre pour y parvenir. On savait que pour mettre un album au monde et avoir un deal, il y avait des incontournables. À moins d’être un « Sidney Crosby » de la musique, les labels ne signent pas de bands qui ne font pas de shows ou qui jouent seulement chez eux. Aussi, il faut amasser assez de cash pour produire un album ou du moins un excellent démo. On a donc fait nos devoirs pour jouer au max à l’extérieur du Bas-Saint-Laurent, même si nous n’étions pas connus, et nous avons produit un démo potable. Les shows et le démo ont attiré l’attention, mais ensuite, on a dû investir dans un produit fini avec un bon producteur pour mettre toutes les chances de notre côté et ça a marché. C’est un bon contrat que de se positionner pour être inclus sur des shows partout au Québec quand on vient de Rimouski et que personne ne nous connaît. Ça prend pas mal d’efforts. Pour ce qui est de l’album, on se préparait depuis longtemps à enregistrer, alors nos compositions étaient toutes prêtes à part certaines parties de Pierre-Luc qui venait de joindre le groupe. On a engagé JF Dagenais et on en est bien content. On savait ce qu’on voulait. Tous les membres du band ont participé à la production et ont donné leur input mais sans JF, le résultat n’aurait jamais été de cette qualité. Il a l’oreille, l’expérience et le talent. Avant d’aller en studio, on avait choisi 5 ou 6 de nos albums préférés pour mesurer la qualité de notre production. Je suis particulièrement fier d’avoir, à mon avis, dépassé plusieurs de ces albums en qualité de production. Je ne l’aurais jamais cru. Pour ce qui est de la qualité des compositions, et bien je vous laisse le soin d’en juger, mais je crois qu’on a fait du bon travail et que les fans de métal vont apprécier

J’ai remarqué que sur l’album, il y a deux titres en français. On ne voit pas ça souvent. Est-ce un choix délibéré ou c’est juste arrivé comme ça? Allez-vous en écrire d’autres?

Ça peut sembler un peu inhabituel pour le métal, mais dans notre région, les groupes écrivent presque tous en français. On n’a pas vraiment calculé ça pour Imminence Of Death, mais mon opinion à ce sujet est que l’on se doit de considérer les deux langues. Le français est notre langue alors je pense qu’on peut se permettre et même qu’on doit la promouvoir. Par contre, l’anglais est la langue naturelle du métal et elle demeure un incontournable si on veut vendre des CD ici et à l’extérieur du Québec. En gros, je crois que quelques titres en français pour un album produit au Québec par des francophones, c’est bien et logique.

Parlons textes. Ils parlent généralement de quoi?

Ils parlent de nous les humains, de nos émotions, de nos pensées, de notre évolution, de nos réactions face aux événements, de notre bêtise, de notre raison d’être, etc. Par exemple, « Chaos » parle de l’évolution que nous sommes en train de vivre par rapport à la possibilité grandissante que nous avons de nous forger nos propres idées et valeurs. On commence à penser un peu plus par nous-mêmes et ce n’est pas sans créer certains dérangements, du chaos… mais c’est pour aller vers une société et des individus meilleurs. Quelques textes sont inspirés de mes lectures de vulgarisation scientifique dans le domaine de la physique. Tu sais, tout ce qui touche à la nature de la matière, de l’espace et du temps et les lois qui les gouvernent. Je dois probablement être un des seuls fuckés que ça intéresse. Les textes pour « Origines » et « Our Last Horizon » parlent de physique.

Quels sont vos projets maintenant, à court et moyen terme?

À court terme, on va faire du live le plus possible. On veut présenter l’album et notre show au maximum de monde. On compte bien aller jouer chez vous d’ailleurs, c’est un must… Aussi, on est déjà en train de composer pour le prochain CD. Avec l’arrivée de Pierre-Luc et l’expérience du premier album, on a pris de la maturité pour composer et arranger nos chansons. Il reste pas mal de travail à faire pour la promotion de l’album, alors on travaille sur ça et sur la préparation de son successeur.

La question qui tue, maintenant! Vous avez joué à RN, où vous avez fait une sacrée bonne impression. Toi qui est de Rimouski, ville réputée pour sa scène métal, comment as-tu trouvé la scène ici?

[Rires] Oui, ok, la question qui tue. Content de pouvoir y répondre, sans blague, parce que nous en show, on se présente comme les gars qui viennent de Rimouski, la capitale du métal [rires]. Il va y avoir plusieurs facettes à ma réponse. Premièrement, on a été très impressionnés de l’ampleur que le métal a prise chez vous. Particulièrement le métal québécois. Je trouve ça merveilleux que les bands d’ici soient aussi bien encouragés à Rouyn-Noranda. Ça fait du bien et c’est bon pour toute la scène québécoise en général. Si on veut comparer, chez vous c’est exactement ce que nous avons vécu à Rimouski durant toute la période forte du métal jusqu’à environ l’an 2000. Je crois qu’il y a un phénomène spécial qui se passe en ce moment comme celui que nous avons connu où une grande majorité du monde trippe métal et ça devient comme un « trend » du métal underground. Je dirais qu’en ce moment, quand il y a un show à RN, il y a souvent plus d’assistance qu’à Rimouski. Par contre, je peux élaborer sur ce qui s’est ensuite passé chez nous, car c’est peut-être ce qui va se produire à RN. Le « trend » s’est essoufflé, mais ça a laissé des traces indélébiles sur la culture rimouskoise. Ça a laissé un « fan base » très important, mais qui s’est fragmenté. Les gens sont devenus très connaisseurs et ont développé des goûts plus précis quant au genre de métal qu’ils vont voir en spectacle. Aussi, les producteurs et les shows se sont multipliés. Ce n’est pas rare qu’il y ait plusieurs shows la même semaine. Ça n’a jamais bougé autant, mais les productions sont plus petites qu’autrefois. Ensuite, ça a laissé une autre trace : il y a plus de 25 bands actifs à Rimouski et la majorité d’entre eux se produisent en spectacle et ont des démos. Je ne sais pas si votre scène profite aux talents locaux, mais j’espère que tout ceci aidera à multiplier les bands chez vous. L’organisation du show auquel nous avons participé était impeccable et je crois que votre scène est en grande partie redevable à ces organisateurs de talent qui travaillent pour vous et qui savent monter un show avec succès. En résumé, je crois que vous avez de la chance de vivre une telle période pour le métal à RN. Profitez-en. Votre scène va peut-être changer dans les prochaines années, mais ce qui se passe en ce moment ne peut qu’avoir du bon. En tout cas, nous on souhaite retourner chez vous bientôt. On n’en est toujours pas revenu de la manière dont vous nous avez reçus alors que personne ne nous connaissait. J’espère que d’ici là, quelques-uns d’entre vous auront écouté l’album. Ça donne toujours de meilleurs shows quand les spectateurs connaissent les tounes.

Vortex [2006]

Dany Lévesque, guitare

David Canuel, batterie

Nicolas Tremblay, voix

Pierre-Luc Demers, guitare

Simon Dubé, basse

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